Pleins feux sur les réalités des Autochtones en milieu urbain

L'ERRSA du Québec et l’Observatoire des réalités autochtones urbaines, fevrier 2025.

Au Québec, plus de la moitié de la population autochtone vit dans les grandes villes. Dans un contexte où les populations autochtone et non autochtone s’accroissent en nombre en milieu urbain, il devient de plus en plus important pour les fournisseurs de soins de santé et les chercheurs de bien connaître les troubles de santé que peut occasionner le mode de vie citadin.

C’est pourquoi le Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec (RCAAQ) a créé l’Observatoire des réalités autochtones urbaines en décembre 2022. Il veut ainsi accumuler des données et diffuser l’information sur l’autochtonie urbaine, notamment au moyen de recherches menées par et avec les Autochtones, dans leur intérêt.

« La demande pour des recherches dans les centres d’amitié était bien là, explique Ariane Desjardins, qui travaille à l’Observatoire du RCAAQ. L’Observatoire se veut un moyen pour que le Mouvement des centres d’amitiés puisse mener ses recherches en collaboration avec des chercheurs extérieurs. »

La collecte de données est au centre des travaux de l’Observatoire vu la quantité limitée d’information sur les populations autochtones en milieu urbain. « Le but est de nous doter de données sur lesquelles nous pouvons nous fier », indique Mme Desjardins.

« Il faut des données accessibles qui répondent aux vraies questions concernant les Autochtones en milieu urbain, ajoute Mme Desjardins. L’information ne doit pas rester entre les mains de certaines personnes; elles doivent appartenir à la collectivité. »

Les recherches de l’Observatoire s’articulent autour de quatre grands axes : la culture et l’identité, la santé et le mieux-être collectif, le logement et la gouvernance.

Actuellement, l’Observatoire effectue un recensement visant à recueillir des données comme la taille de la population autochtone en milieu urbain, les langues parlées, les nations d’origine, l’accès aux services, le nombre d’enfants par foyer, l’éducation, le logement et la situation professionnelle. Il sera ainsi possible de peindre un portrait clair de l’accès aux services publics pour les Autochtones et donc de mettre au jour les réalités de ceux et celles qui vivent en milieu urbain au Québec.

« Les centres d’amitié pourront se servir de ces données pour subvenir aux besoins de leurs communautés », explique Mme Desjardins.

Au-delà de la collecte de données, l’Observatoire aide également les centres d’amitié à mener leurs recherches en leur enseignant les méthodes pour ce faire, en fonction d’un cadre [ PDF (3,4 Mo) - lien externe ] conçu par et pour les Autochtones en milieu urbain au Québec. Les centres d’amitié et le centre Environnement réseau pour la recherche sur la santé des Autochtones (ERRSA) du Québec sont des partenaires de longue date, et ils « ont un grand nombre de valeurs et de méthodes de travail en commun », explique la Dre Treena Delormier, chercheuse principale du centre ERRSA du Québec.

« Le Regroupementveut exercer son droit à l’autodétermination en menant des recherches d’importance pour les Autochtones en milieu urbain au Québec », ajoute Mme Delormier.

Le RCAAQ agit maintenant comme chercheur principal pour plusieurs subventions, notamment un récent projet de justice climatique financé par les IRSC et appelé Nashpitshipanu.

« Étant donné que les collectifs de recherche ont longtemps été boudés par les bailleurs de fonds, c’est pour nous une victoire dans le processus de décolonisation et d’autodétermination des travaux de recherche », déclare Mme Desjardins.

Il y a des centres d’amitié dans 14 villes du Québec, notamment Montréal, Maniwaki, Sept-Îles, Baie-Comeau et Trois-Rivières. Les villes ont chacune leurs besoins en recherche et leur contexte local particulier, et l’Observatoire travaillera en étroite collaboration avec chaque centre en 2025 pour en déterminer les priorités.

« À Montréal, la population autochtone est multiethnique et multilingue, et les gens viennent de tout le Canada, donc le service n’est pas le même, précise Mme Desjardins. Nous avons aussi des centres situés dans de petites villes, qui desservent généralement une nation ou deux et dont les besoins et les services diffèrent grandement. »

En bref

L'enjeu

Il y a peu de données sur les Autochtones en milieu urbain, y compris sur la taille de la population et son accès aux services publics tels que les écoles et les hôpitaux. À cause de ce manque, les centres d’amitié ont de la difficulté à subvenir aux besoins de leur communauté.

La recherche

Créé à la suite de consultations menées par le Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec avec le soutien de l’ERRSA du Québec et d’autres partenaires, l’Observatoire des réalités autochtones urbaines vient en aide aux centres d’amitié désireux de mener leurs propres recherches afin d’aider les Autochtones en milieu urbain à se prendre en main.

Les soins de santé fondés sur les distinctions

Pour en savoir plus sur les méthodes fondées sur les distinctions, veuillez consulter le document Ce que nous avons entendu : Visions pour les dispositions législatives sur la santé des Autochtones fondées sur les distinctions (gouvernement du Canada, 2022). Un résumé est accessible à la page Visions pour les dispositions législatives sur la santé des Autochtones fondées sur les distinctions : Résumé.

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