Comment saurez-vous si je suis vraiment mort?

Le Dr Sonny Dhanani est directeur associé de la recherche sur le don d’organes du Programme de recherche en don et transplantation du Canada, chef de l’Unité pédiatrique des soins intensifs au Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario et professeur à l’Université d’Ottawa.

« Comment saurez-vous si je suis vraiment mort? »

Cette question explique en grande partie la réticence de nombreux Canadiens et Canadiennes à s’inscrire au registre de don d’organes.

Selon la règle du donneur décédé, les organes d’un patient peuvent seulement être prélevés après le constat de son décès légal et clinique par une équipe médicale. Mais comment cette dernière s’y prend-elle pour déclarer une mort clinique? Jusqu’à tout récemment, il existait peu de consensus à ce sujet, explique le Dr Sonny Dhanani, directeur associé de la recherche sur le don d’organes du Programme de recherche en don et transplantation du Canada.

« Quand on est en état de mort cérébrale, on reste en état de mort cérébrale », déclare le Dr Dhanani. « Lorsque le cœur s’arrête, on est grièvement blessé, mais on n’est pas déclaré mort immédiatement, car le cœur peut se remettre à battre de lui-même, un phénomène appelé autoressuscitation », explique-t-il.

Le Dr Dhanani et ses collègues à l’étranger ont mené une étude pour déterminer avec précision le moment où la mort est définitive en l’absence d’intervention médicale. Son équipe a observé 631 personnes dans 20 unités de soins intensifs de trois pays afin de découvrir si le cœur peut se remettre à battre de lui-même, et continuer à battre.

L’étude a révélé que dans 14 % des cas, le cœur s’est remis spontanément à battre, mais généralement pour un ou deux battements seulement, et toujours au cours des 4 minutes et 21 secondes qui suivent. Tous les patients sont morts en moins de cinq minutes.

« C’est l’histoire naturelle de la mort », explique le Dr Dhanani. « Rien ne s’arrête soudainement, il y a quelques soubresauts avant. Cela dit, 100 % des personnes sont mortes. Aucune d’entre elles ne s’est rétablie miraculeusement. »

Les recherches du Dr Dhanani ont confirmé qu’une attente de cinq minutes après l’arrêt des battements du cœur avant de prélever les organes est une pratique sûre, car le cœur ne se remet pas à battre après cette période. La règle du donneur décédé est donc respectée. Cette approche, connue sous le nom de « règle des cinq minutes », est devenue partie intégrante des lignes directrices canadiennes sur le don d’organes mises à jour en 2023. Elle renforce l’assise scientifique du processus de don d’organes ainsi que la confiance envers le système.

« Pour la première fois, il ne s’agit pas d’un simple consensus », affirme le Dr Dhanani. « Nous savons que nous suivons de bonnes règles fondées sur la science. »

L’étude du Dr Dhanani a soulevé de nouvelles questions de recherche, dont le lien entre le cerveau et le cœur pendant le processus de la mort et la façon d’optimiser le prélèvement des organes.

En attendant que davantage de personnes s’inscrivent au registre de don d’organes, le Dr Dhanani et ses collègues continueront d’étudier les moyens les plus éthiques et efficaces de donner ses organes, car selon lui, « il est bon d’augmenter les occasions d’être donneur ».

En bref

L'enjeu

Au Canada, la demande de dons d’organes dépasse largement l’offre; par conséquent, des milliers de personnes attendent une greffe, et beaucoup meurent avant d’en recevoir une. La réticence à donner ses organes découle souvent de la crainte de ne pas être cliniquement mort avant le prélèvement des organes.

La recherche

Le Dr Sonny Dhanani a mené des études d’observation pour déterminer à quel moment la mort est vraiment irréversible, afin de s’assurer que le don d’organes n’a lieu qu’une fois la mort confirmée. Ses conclusions ont été intégrées aux lignes directrices canadiennes sur le sujet en vue de normaliser la période d’attente requise avant le prélèvement d’organes.

Renseignements et inscription au registre de dons d’organes : Société canadienne du sang – Organes et tissus pour la vie.

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